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Frère Bruno Lacroix, 1929-2019


FRÈRE BRUNO LACROIX, CAPUCIN

1929-2019


Des racines aux pieds des Monts Chic-Chocs


Notre frère Bruno aurait eu 90 ans le 20 décembre prochain! Rendons grâce à Dieu pour ces 71 années de vie religieuse dans l'Ordre des frères mineurs capucins et 64 années d'ordination presbytérale.


Bruno est né à Sayabec (qui se prononce «Sébec»), petit village de la Vallée de La Matapédia qui comptait à l'époque plus de 3,000 habitants. Situé dans une vallée formée par les monts Chic-Chocs, au bord du lac Matapedia, ce village du Bas-Saint-Laurent a une vocation agricole et forestière. Bien que sa population soit aujourd'hui de moins de 2 000 habitants, Sayabec demeure la troisième municipalité la plus peuplée de La Matapédia, après Amqui et Causapscal L’économie de Sayabec est principalement basée sur l’industrie forestière et l’agriculture.


Habité par les Micmacs, Sayabec vit l'arrivée du premier colon en 1833. Ce toponyme provient d'ailleurs du mot micmac sepeg signifiant «rivière obstruée» ou «rivière remplie». Cette appellation s'inspire du fait que la rivière obstruée par des barrages de castors se remplit davantage. C'est vers la fin du xixe siècle que les colons commencèrent à s'y installer en plus grand nombre avec l'aménagement de moulins et d'usines de sciage pour le bois liés à la construction du chemin de fer.


La mère de Bruno, Blanche Gamache, était native de Sayabec. Son père Alphonse, natif de Windsor en Ontario, était voyageur de commerce. Il sera maire de Sayabec. Blanche et Alphonse se sont mariés en 1925 et ont eu sept enfants. Bruno est le troisième. Deux filles, Francine et Mercédez, sont toujours vivantes. Les deux parents sont décédés à quelques semaines d’intervalle à Sainte-Foy en 1991.


Après le cours primaire dans son village natal, le jeune Gaétan (c’est son nom de baptême) suit le cours classique jusqu’à la rhétorique au Collège séraphique des Capucins à Ottawa (sauf une année au Collège de Lévis). Il entre au noviciat à Cacouna le 14 août 1948 et reçoit alors le nom de frère Bruno. Il fait la profession simple le 15 août 1949 et la profession solennelle le 15 août 1952. Les études de philosophie ont été faites à La Réparation (Pointe-aux-Trembles) et celle de théologie à Ottawa. Ses formateurs lui reconnaissent une intelligence vigoureuse, pénétrante et curieuse, un jugement droit et mesuré, une volonté tenace ainsi qu'un timidité qui lui rend l'ouverture aux autres difficile.


Il est ordonné prêtre le 24 septembre 1955 avec l’ambition de devenir missionnaire en Afrique. Son père tente de l'en dissuader en disant qu'il ne veut pas d'un prêtre nu-pieds … Après une année d'enseignement de la philosophie à ses confrères, il obtient une licence en philosophie de l’Université d’Ottawa en 1958 et une licence et une maîtrise en Sciences sociales à Laval en 1964.


Professeur au Honduras et rencontre avec le mouvement des Cursillos


En 1963, Bruno part vers l’inconnu : le Honduras où il est assigné comme professeur de sociologie religieuse et de recherche sociographique au grand séminaire de Tegucigalpa.

C’est en 1965 que Bruno prend contact avec le mouvement des Cursillos fondé en 1944 par Eduardo Bonin à Cala Figuera, sur l’île espagnole de Majorque. Cette expérience est déterminante dans la sa vie. Au terme des trois jours de retraite, il se retrouve tout en larmes devant le tabernacle bouleversé par la foi d’un vieux paysan qui avait porté toute la fin de semaine des cailloux dans ses bottines pour la conversion de Bruno. Il dira à cette occasion : «J’ai glissé de mon piédestal pour me retrouver sur le plancher des vaches».


L'année suivante, il est rappelé au Québec par le ministre provincial afin d'être chargé du département des sciences sociales au campus du Séminaire Saint-Augustin. C'est à contre cœur qu'il accepte de quitter le Honduras et d'abandonner les projets qu'il y avait développés. Il conciliera son travail de professeur avec un emploi au Ministère des Affaires municipales du Québec. Deux dossiers lui sont confiés : l'aéroport de Mont-Joli puis l'aqueduc et les égouts aux Îles-de-la-Madeleine. Ne pouvant plus mener de front ces différents dossiers et sa tâche professorale, il décide de réorienter son engagement vers la nouvelle évangélisation.


Il avait déjà appris l'existence du Cursillo au Québec et fait la rencontre de Jean Riba (1935-2019) prêtre missionnaire clarétain, fondateur et promoteur du Mouvement des cursillos francophones au Canada. Avec l’accord de son supérieur provincial, Bruno fait alors équipe en permanence avec Jean Riba. Ensemble ils assument la responsabilité de l’animation du mouvement ; l’est pour Bruno et l’ouest pour le P. Riba. C'est ainsi qu'en 1969 il anime un premier Cursillo à Québec puis deviendra animateur spirituel diocésain du mouvement.


Tout en essayant de consolider les assises du mouvement dans l’est du Québec, l’élan de Bruno se tourne vers l’étranger. Pourquoi ne pas développer le mouvement dans l’Europe francophone ? À l’été de 1970, il fait un voyage en Europe pour visiter les groupes cursillistes. En 1972, il se rend en Espagne pour la même raison. Pendant cette période il sert la province comme conseiller provincial. Puis, en 1980 il se rend en France et en Belgique pour l’implantation du mouvement dans ces pays. Après avoir visité quelques diocèses en France, c’est l’évêque de Liège en Belgique qui leur ouvre ses portes. En février 1982 se tiendra le premier Cursillo à Liège.


À la même époque au Québec, le besoin d’une école de formation pour aider les cursillistes à réaliser les objectifs du mouvement, particulièrement l’implication dans son milieu de vie comme ferment d’Évangile, se fait de plus en plus sentir. En 1985, avec la collaboration de Mme Gisèle Larouche, il élabore et expérimente un programme d’intervention sociale. L’année suivante, Bruno renonce à sa tâche d’animateur spirituel diocésain pour devenir, jusqu’en 1999, professeur des cours de pastorale sociale développés avec Mme Larouche sous l'égide du Petit Séminaire de Québec. Tout au long de sa vie il aura fourni une somme considérable de travail dans la maturation de la foi des laïcs.


Les années à Saint-Malachie et son entrée progressive dans le silence


Pendant de nombreuses années, Bruno a vécu à Saint-Malachie (Bellechasse) dans une maison acquise par sa sœur. Il s'implique dans le Renouement conjugal et en pastorale paroissiale. Il est alors membre de la fraternité de Limoilou à Québec et visite régulièrement ses confrères.

En 2011 il reçoit le diagnostic de la maladie d'Alzheimer. C'est un choc pour lui ! Il voit peu à peu sa mémoire de professeur et de prédicateur s'effacer. « Je vieillis plus vite que je le pensais » dira-t-il alors. En 2013 il doit quitter sa région pour l’infirmerie provinciale des capucins où il est accueilli par ses confrères qui l'apprécient et qu'il peut encore reconnaître. C’est pour lui un détachement difficile mais auquel il consent grâce au soutien de membres de sa famille et d’amis.


Il est décédé le 22 juillet à la résidence de LaSalle (Laval) où il demeurait depuis novembre 2018. Les funérailles ont été célébrées mercredi 31 juillet à la chapelle de La Réparation. La dépouille repose au mausolée des Capucins.


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